QUEMOY ET MATSU

QUEMOY ET MATSU
QUEMOY ET MATSU

QUEMOY & MATSU

Dans la série de petites îles côtières situées à proximité du continent chinois, mais contrôlées par Taiwan située à environ 200 kilomètres, Quemoy et Matsu sont les deux principales. Revendiquées par la Chine communiste et par la Chine nationaliste, elles ont, depuis 1949, servi de symbole à l’affrontement entre les deux régimes.

Quemoy, située dans la baie d’Amoy, dont elle contrôle le trafic, n’est qu’à 2 kilomètres du continent. Appelée Jinmen en chinois (Portes d’or), elle ne couvre qu’une surface de 131,7 km2 (175,3 avec les îlots avoisinants). Longue de 18 kilomètres et large de 15, elle comptait 43 000 habitants en 1990, auxquels il faut ajouter une garnison. Matsu (Mazu), située à 250 kilomètres plus au nord, au large du port de Fuzhou dont 10 kilomètres la séparent, est plus petite (10,4 km2; 27,1 km2 avec les îlots). Moins peuplée (3 150 habitants, plus les militaires), elle est plus aride que Quemoy. Assez rocheuses l’une et l’autre, elles arrivent cependant, depuis la réforme agraire des années 1950, à assurer une production agricole suffisante. L’autre partie des ressources vient de la pêche, surtout à Matsu.

L’intérêt de ces îles vient de ce qu’elles représentent au point de vue stratégique et surtout politique. Lorsque les partisans de Tchiang Kai-chek se réfugièrent dans l’île de Taiwan en 1949, abandonnant le continent, ils gardèrent le contrôle de Quemoy et Matsu et de quelques autres îles. Les troupes communistes prirent pied à Quemoy en octobre 1949, mais furent repoussées. On pouvait cependant imaginer que la résistance des nationalistes dans ces îles ne durerait guère. Mais, lorsque éclate la guerre de Corée en juin 1950, les États-Unis envoient la VIIe flotte dans le détroit de Taiwan, en vue d’empêcher le gouvernement communiste d’attaquer Taiwan, mais aussi pour dissuader le général Tchiang Kai-chek de prendre sa revanche et de débarquer sur le continent. Toutefois, lorsque les États-Unis semblent restreindre leur présence dans le détroit et laisser le champ libre à Tchiang Kai-chek, le bombardement intense des îles côtières par la Chine populaire commence, le 3 septembre 1954. La crise dure jusqu’au milieu de 1955. Lorsque Taibei et Washington signent un traité de défense mutuelle le 2 décembre 1954, selon lequel les États-Unis répondront à toute attaque contre Taiwan, la question du territoire couvert par la garantie militaire se pose. Le traité est en effet limité à l’île de Taiwan et aux Pescadores (Penghu), Quemoy et Matsu n’étant pas désignées. Cependant, la Résolution sur Formose votée par le Congrès américain (29 janvier 1955) dispose que le président des États-Unis sera libre de prendre les mesures nécessaires pour défendre tout autre territoire au cas où l’attaque serait le prélude d’une attaque contre Taiwan; les Américains aident d’ailleurs les nationalistes à évacuer, en janvier-février 1955, certaines îles, dont les Dachen, jugées moins utiles car situées en dehors du détroit. Quemoy et Matsu sont donc des avant-postes des forces nationalistes. Elles constituent de véritables forteresses: à Quemoy, en particulier, des garnisons entières sont camouflées dans des abris souterrains; les côtes sont fortifiées; les rochers et les falaises sont truffés d’un puissant appareil défensif.

Les plus grosses offensives de la Chine populaire ont lieu en 1958; en 1960, lors d’une visite d’Eisenhower à Taiwan, une attaque importante a lieu. Après 1964, les Chinois décident de ne bombarder les îles que les jours impairs. D’ailleurs, la plupart des obus ne contiennent que des brochures de propagande. En fait, ces attaques peu dangereuses servent surtout à Pékin à maintenir ses revendications sur Taiwan. Des deux côtés, la guerre psychologique fait rage: des millions de tracts sont déversés, des injures sont échangées par haut-parleurs, des émissions de radio diffusées sans relâche. Les nationalistes se servent des îles pour envoyer en Chine populaire des commandos de sabotage, des espions. Taibei a voulu créditer en outre ces îles d’une valeur stratégique primordiale (base d’observation, base de départ d’une contre-attaque). Pourtant, les États-Unis s’étaient bien gardés de les introduire dans leur zone de défense. Mais leurs tentatives pour pousser les nationalistes à les évacuer ou à diminuer leurs garnisons ne furent jamais suivies d’effet. Le changement de politique intervenu depuis le voyage à Pékin du président Nixon en février 1972 incite cependant à poser la question de l’avenir de Quemoy et Matsu. Or Nixon a reconnu que Taiwan fait partie de la Chine. Que Taiwan devienne une province plus ou moins autonome de la Chine populaire, ou qu’elle soit indépendante, la question des îles côtières se posera. Juridiquement, il semble en effet qu’elles reviennent à la Chine continentale, qui les a gardées lorsqu’elle a cédé Taiwan au Japon en 1895. En outre, la Chine populaire a décidé en 1958 d’étendre à 12 miles ses eaux territoriales: Quemoy et Matsu se trouvent de ce fait dans les eaux intérieures chinoises. Une réforme constitutionnelle du 7 novembre 1992 a rendu l’administration de Quemoy et Matsu aux autorités civiles taiwanaises (elles étaient auparavant sous juridiction militaire).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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